mardi 3 juin 2014

Naissance de l’ère des super-centenaires



 
Jeanne Calment (1875-1997) a vécu sans aide jusqu’à l’âge de 110 ans. « J’aime bien apprendre, je suis curieuse de la vie, ...et je ne crois qu’en ce qui existe », disait-elle, parait-il, à la veille de son dernier anniversaire.

VIVRE JUSQU’À 100 ANS DEVIENT CHAQUE JOUR UN PEU PLUS BANAL. IL Y A MAINTENANT, DANS LES PAYS INDUSTRIALISÉS, UN CENTENAIRE PAR 10 000 HABITANTS, SOIT UNE CINQUANTAINE DANS LA RÉGION DE QUÉBEC, AU POINT OÙ UNE FILLE SUR DEUX NÉES EN 2007 PEUT ESPÉRER DEVENIR CENTENAIRE[1].

La moitié des filles nées en 2007 deviendront centenaires et verront tout le XXIe siècle se dérouler sous leurs yeux. L’allongement prévu de la vie humaine fera des milliers de centenaires, en autant que la tendance observée actuellement se maintiennent, prédisent des statistiques colligées par le Conseil des aînés. Déjà, les nonagénaires et les centenaires forment les groupes en plus forte croissance dans la population.

Au point où les centenaires ne sont plus une rareté et qu’un nouveau terme a été adopté pour ceux, assez nombreux, qui atteignent les 110 ans : on les appelle les « super-centenaires ».

Cette longévité accrue se manifeste même si aucun chercheur dans le monde n’a encore trouvé la fontaine de Jouvence. Ce n’est pas faute de chercher. De nombreuses équipes scientifiques en Europe et en Amérique scrutent le patrimoine génétique des familles de centenaires, celles où plusieurs frères et sœurs défient le temps avec le même succès.

C’est non seulement le corps mais parfois aussi le cerveau de certains centenaires qui vieillit au ralenti, a observé le Dr Thomas Perls, chercheur principal d’une étude longitudinale sur les centenaires lancée par l’Université Harvard. Cette équipe est à l’origine de la statistique d’un centenaire par 10 000 habitants dans les pays industrialisés, après la recension de 46 centenaires dans la grande agglomération de Boston, au milieu des années 1900.

L’injection de gènes de longévité est donc une des avenues qui, à long terme, pourraient créer des hommes et des femmes capables de vivre bien au-delà de 100 ans, à défaut de devenir immortels.

D’autres chercheurs poursuivent dans le sens d’études entreprises, dans les années 1930 qui avaient notamment révélé que la restriction caloriques augmente sensiblement la vie de certains espères animales élevées en laboratoire, dont les vers, les rats et les singes. Soumis à une diète alimentaire sévère, équivalent à 30 % de moins que la quantité normale de calories, ces animaux vivent plus longtemps que leurs pairs. Le transfert de ces connaissances vers les humains ne semble pas cependant être possible.

À quoi sert cependant de vivre plus vieux si l’esprit n’est plus là? À 100 ans, près de 70 % des gens souffrent d’une forme quelconque de démence. À 90 ans et plus, la proportion est de 50 %. Mais, là aussi, la science a fait des progrès récemment. Le hasard a permis de constater, lors d’une expérimentation médicale faite à Toronto, qu’un appareil de stimulation électrique implanté dans le cerveau pouvait ranimer des souvenirs enfouis depuis longtemps. L’essai visait à aider un obèse à freiner ses pulsions vers la nourriture. Zéro succès de ce côté mais une mine d’or en perspective pour le traitement précoce de l’Alzheimer.

Le démographe Jacques Légaré, de l’Université de Montréal, ne partage pas l’enthousiasme de ces chercheurs. Même s’il y aura toujours des cas de longévité exceptionnelle, la majorité des gens vivront plutôt jusqu’à environ 85 ans. Il adhère aux positions des scientifiques qui estiment que « l’ingénierie du corps humain, notre structure matérielle, nos os, nos vaisseaux, nos tissus sont faits pour durer environ 85 ans ». On peut allonger les années de vie, comme on fait avec une voiture, en remplaçant les parties usées, dit-il. « La médecine brime alors la nature, elle la contrôle pour aller au-delà du fonctionnement normal. » La médecine sert aussi à réparer les nombreuses erreurs de la nature qui font, par exemple, que des enfants ont le cancer, convient-il aussi.

Des centenaires en santé, cela existe bel et bien. Environ 20 % des personnes de plus de 100 ans ont encore toute leur tête et une bonne proportion conservent une capacité de fonctionnement autonome : une sur six habite même encore toute seule. Ils vivent en excellente santé presque jusqu’à la fin de leur vie, échappant pendant des décennies aux ennuis liés au vieillissement. Sur 100 centenaires, 85 sont des femmes et 15, des hommes. Ces quelques hommes sont globalement en meilleure santé que les femmes du même âge. Étant donné les risques accrus de mortalité masculine tout au long de leur existence, ces centenaires de sexe masculin sont des gens dans une forme nettement supérieure à la moyenne.

RD


[1] Article de Marie Caouette, journaliste, Le Soleil, 15 mars 2008.

1 commentaire:

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